Base documentaire,  Les bonnes pratiques environnementales

Les eaux usées : un outil potentiel de surveillance d’évolutions d’épidémies.

eaux usées 2/05/2020

Article rédigé le 5/05/2020

COVID 19 :

Des tests menés sur des échantillons d’eaux usées prélevés dans des zones de contamination ont révélé la présence du virus peu après l’identification des premiers malades. Alors que moins de 100 cas avaient été diagnostiqués en Ile de France, les eaux usées témoignaient déjà que l’épidémie avait commencé.*

Ce virus n’est pas seulement excrété dans les humeurs aériennes, mais aussi, et précocement, dans les selles, avant les signes respiratoires et pyrétiques, et chez les porteurs sains, c’est pourquoi on le retrouve dans nos eaux usées.

Des mesures successives effectuées du 24/02 au 24/04/2020 dans 3 stations d’épuration de la région parisienne, ont montré une corrélation étroite entre la densité des traces virales détectées dans les eaux usées et le nombre de consultations pour COVID19 en IdF.L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est eaux-usees.png.

 

La courbe rouge représente les données prélevées dans les eaux usées / Eau de Paris & Réseau Obepine

Les eaux usées constitueraient ainsi un marqueur épidémiologique pour quantifier la circulation du virus. La décroissance de la charge virale fin avril est pour le Pr Vincent Maréchal (virologue à Sorbonne Université) « un argument qui confirme l’impact du confinement ».

La précocité de détection dans les eaux usées, avant l’apparition de symptômes cliniques, montre l’intérêt de la méthode pour caractériser l’évolution de l’épidémie et gagner du temps sur l’organisation  de la parade sanitaire.

Ces études plaident pour la mise en place d’un réseau national de surveillance des eaux usées pour suivre l’évolution de l’épidémie et ses localisations, chaque station d’épuration correspondant à un territoire déterminé. Cette vigilance permettrait de détecter la réduction de la circulation du virus ou la reprise de l’épidémie, par zone géographique, donnant une carte statistique à superposer au territoire national.

Pour en extraire le maximum de précision, il faudrait établir un plan d’échantillonnage en fonction du plan du réseau de canalisations d’eaux usées, et non se contenter de dosages d’ARN viral dans les gros collecteurs des villes. D’après l’article de The conversation* « les acteurs en charge de l’assainissement sont d’ores et déjà organisés pour suivre la qualité des effluents alimentant leurs installations. » Dès lors, la mise en place du suivi de charge virale dans les stations d’épuration pourrait être rapide.

Plus généralement, une stratégie de surveillance de tous les germes à circulation fécale (virus des gastro-entérites, bactéries résistantes aux antibiotiques etc… pourrait être définitivement mise en place

* Beaucoup de nos informations sont issues de l’article co-écrit par : Sébastien Wurtzer (Eau de Paris), Jean‑Marie Mouchel (Sorbonne Université), Rémy Teyssou (Institut de recherche biomédicale des armées), Yvon Maday (Sorbonne Université, co-fondateur de l’initiative Covid-IA), Vincent Rocher (SIAAP) et Laurent Moulin (Eau de Paris)  dans The conversation.

A la mi-mai 2020, les traces de virus avaient disparu dans les eaux usées de Paris. Depuis, si on continuait de les surveiller, on aurait une idée proche de la réalité du développement de Omicron dans la capitale la semaine suivant le prélèvement.

Paris: plus aucune trace détectable de coronavirus dans l’eau non-potable